sábado, 1 de junio de 2013

LE CHÂTEAU DE PERALADA: l'histoire de deux familles


LE CHÂTEAU DE PERALADA

(Version Française)

 


 

La demeure des six siècles

Déjà au IXème siècle il éxistait un château-fort appelé Château Tolon, qui faisait partie des posséssions des Comtes d'Ampurias et qui défendait les habitants de la seigneurie de Peralada.

Pons I, comte d'Ampurias (vers 990 - +1078) comte souverain entre 1040 et 1078, se maria avec Adélaïde de Besalú, fille du comte Bernard "Taillefer" de Besalú, qui lui donna pas moins de 8 enfants dont:

-Hugues II (v.1035-1116) Comte d'Ampurias en 1078.

-Armengol d'Ampurias, Seigneur de Vilanova.

-Bérenger d'Ampurias (+ 1098) Vicomte de Peralada, Seigneur de Rocabertí et de Quermançó, marié avec Arsende de Rocabertí -> Ligne des Comtes de Peralada.

-Pierre d'Ampurias, Abbé du Monastère de Sant-Pere de Rodes.

Pons I d'Ampurias fonda en 1064 la ville de Castelló d'Empúries, capitale du comté et lègue, par testament, le comté à ses deux premiers fils. Puis ceux-ci se partagent le comté après sa mort.




Bérenger d'Ampurias, devenu Vicomte de Peralada et seigneur de Quermançó, devient également seigneur du château de Rocabertí en épousant l'héritière Arsende de Rocabertí. Tous deux fondèrent le lignage qui, tour a tour, portèrent le nom de leurs seigneuries: Quermançó et Rocabertí, qui allait devenir une des plus importantes familles de la Principauté de Catalogne.

Au XIIIème siècle, lorsque le roi français Philippe III "le Hardi" entâmme sa croisade contre la Catalogne, il envahit le comté d'Ampurias, ses troupes se livrant aux pires excès: pillages, viols, tueries, incendies... La petite ville de Peralada et son château ne sont pas épargnés; le château est détruit et le village réduit en cendres (1285).

Les Vicomtes de Rocabertí concentrent alors tous leurs efforts à la reconstruction de la ville et à bâtir leur nouveau château au siècle suivant. Si la ville conserve son emplacement primitif et se rebâtie sur ses ruines fumantes tout en dressant autour d'elle une grande muraille, le château neuf lui, est construit en dehors de la nouvelle enceinte fortifiée de Peralada (vers 1350), flanqué de deux grosses tours crénelées a mâchicoulis percées de meurtrières et corbeaux, de tours de guet et flanquantes.

Au XVème siècle, pendant la Guerre des Remences (Révolte paysanne contre les abus de la noblesse catalane), le roi Jean II d'Aragon s'empara du château et l'occupa en 1472, puis fut rendu aux Vicomtes de Rocabertí peu de temps après.



Aux fils des siècles et des générations, la Maison de Rocabertí noue des liens de sang avec d'autres importantes familles non seulement issues de la haute noblesse catalane, mais aussi des royaumes de Majorque, d'Aragon, de Castille et même de Naples, et fait croître son patrimoîne de pères en fils. Ils sont présent à la cour de Madrid mais n'oublient pas de se faire bâtir un palais à Barcelone, capitale de la Catalogne.

 
Façade renaissance du palais ou aile du XVIè. siècle rajouté au côté Sud Château de Peralada, et connu comme "Palais de Savallà".


À la fin du XVIème siècle, le roi Philippe III d'Espagne érige la seigneurie de Peralada en comté en faveur du Vicomte François-Joffre I de Rocabertí (1599). À cette époque, le château de Peralada est agrandi, voir remanié au goût du jour, comme en témoigne la sobre façade Sud en style renaissance italienne. En 1645, c'est Philippe IV d'Espagne qui décerne à Raymond Dalmau I de Rocabertí Safortesa, IIIème Comte de Peralada, le titre de Ier Marquis d'Anglesola.

 
Blason de la famille Rocabertí de Peralada, Marquis d'Anglesola dès 1645.


Le IVème Comte de Peralada meurt en 1671, ne laissant qu'une fille pour unique héritier: Élisende de Rocabertí Safortesa, mariée à Raymond de Rocafull Puigmarín, Comte d'Albatera, et qui devient de plein droit la Vème Comtesse de Peralada et IIIème Marquise d'Anglesola. Mais elle meurt aussitôt après son père, en 1672. Son fils prend la relève et adopte le nom de famille maternel comme sien; Guillaume Emmanuel I de Rocabertí de Rocafull-Puigmarín, VIème Comte de Peralada et IVème Marquis d'Anglesola dès 1672, sera fait Grand d'Espagne en 1703 par le premier roi Bourbon Espagnol, Philippe V, ci-devant Duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV de France. Sa fidélité au prince français pendant la Guerre de Succéssion Espagnole lui vaut bien cette récompense. Il meurt en 1728 sans héritiers et la succéssion retombe sur un cousin qui, lui, a combattu dans le camp autrichien et défendu la ville de Barcelone en 1706 de l'assaut des troupes franco-espagnoles du Duc de Vendôme: Jean-Antoine de Boixadors de Pacs de Pinós, 6ème Comte de Savallà et 32ème Vicomte de Rocabertí. Loyal au candidat Habsbourg qui avait perdu la course au trône espagnol contre le rival français, il avait choisit de suivre l'empereur Charles VI d'Autriche jusqu'à sa cour de Vienne, méritant pour cela le Collier de l'Ordre de la Toison d'Or et la Présidence du Conseil des Pays-Bas Autrichiens entre 1729 et 1740.

 
Portrait gravé de Joan Antoni de Boixadors i de Pacs de Pinós, 6è. Comte de Savallà puis 7ème Comte de Peralada, Grand d'Espagne, 32è. Vicomte de Rocabertí et 5è. Marquis d'Anglesola.
 

C'est son fils, Bernard Antoine de Boixadors Sureda de Sant-Martí (1702-1755), resté en Catalogne avec ses frères et soeurs, et élevé par des oncles, qui fut reconnu comme VIIIème Comte de Peralada, VIème Marquis d'Anglesola et XXXIIIème Vicomte de Rocabertí et de Requesens, dès sa majorité. Après une jeunesse studieuse et une solide formation militaire, il entra dans les Gardes-du-Corps du roi Philippe V (1733), fit la Campagne d'Italie et gravit les échelons puis rentra finalement chez lui avec le brevet de colonel (1737). Deux ans plus tard il se mariait avec Cécile de Chaves. En 1741 il est promu maréchal-de-camp puis en 1755 il reçoit son brevet de lieutenant-général. Pendant ce temps, en 1753, le roi Ferdinand VI l'avait nommé ambassadeur d'Espagne à la cour de Lisbonne et, le 1er novembre 1755 il trouve la mort pendant le terrible tremblement de terre qui détruit et réduit en cendres la capitale portugaise.

 
Portrait de Ferran Felip Basili de Rocabertí de Boixadors i de Chaves, 9è. Comte de Peralada et Grand d'Espagne, 7è. Marquis d'Anglesola, 34è. Vicomte de Rocabertí, 8è. Comte de Savallà (1745-1805).


L'unique fils et héritier du précédent, Ferdinand Philippe Basile de Rocabertí de Boixadors Chaves, né en 1745, fut à l'âge de dix ans le IXè Comte de Peralada. Enfant gâté-pourri qui héritait d'une grosse fortune et de grands biens, il devint un de ces aristocrates types du Siècle des Lumières: libertin aux moeurs scandaleuses, ennemi de la religion et de la police, parfois violent mais aussi cultivé et, par-dessus tout, fort orgueilleux de ses ancêtres dont il en tirait gloire. Il rencontra le sulfureux Comte de Cagliostro, coucha avec sa femme, puis s'amusa fort en organisant des parties fines avec le cavaleur italien Giacomo Casanova dans son palais de la rue Santa-Anna de Barcelone, ce qui lui valut un séjour en prison. Puis il se maria avec la veuve du Marquis de Mondéjar, l'andalouse Maria-Teresa de Palafox Castellet, et tous deux s'installèrent à la cour de Madrid et achetèrent un palais. En 1780, il publiait une pièce de théatre à Barcelone qui, douze ans plus tard, se jouait encore au Méxique. En 1790 il fait un séjour à Paris puis, fuyant la révolution française, s'installe en Italie, surtout à Venise ou il achète un palais. Il meurt lors de son séjour à Vienne, en Autriche, en 1805 à ses 60 ans et sans laisser d'héritiers. Il lègue, par testament, tous ses titres, biens et fortune à la petite-fille de son frère cadet décédé en 1782: Joana de Rocabertí-Boixadors Cotoner qui, en se mariant avec le Marquis de Bellpuig, transmit le fabuleux héritage à l'illustre famille Dameto, qui appartenait à la haute aristocratie de Majorque et apparenté aux éminents Despuig de Montenegro-Montoro.

 
Portrait de Francesc-Xavier de Rocabertí-Boixadors Dameto i Despuig, Marquis de Bellpuig et d'Anglesola, 11è. Comte de Peralada et de Savallà; d'après Vicente López Portaña, 1816, Collection du Château de Peralada.


 
Vue de la façade du Midi du Château de Peralada.
 
 
Palais néogothique du Couvent des Frères Carmélites Chaussés, construit sur l'ordre des frères Rocabertí entre 1875 et 1880 par l'architecte Grant. Il abritait l'école gratuite au rez-de-chaussée à l'époque des derniers comtes, la bibliothèque et les archives comtales avec ses 20,000 volumes au premier étage. Le couvent revint aux Comtes de Peralada dès 1835 avec le révolutionnaire désamortissement des biens du clergé lancé par le ministre espagnol Mendizábal.
 
 
Photographie du choeur et autel de l'Église gothique du Couvent Carmélite, construite au XIVème siècle. Le terrain ou s'éleve le couvent et l'église des Frères Carmélites, fut donné à cette époque par les Vicomtes de Rocabertí, Barons de Peralada, avec une condition: si un jour l'ordre venait à abandonner les lieux, la propriété reviendrait dans le patrimoîne des Rocabertí.
 
 
Vue partielle de l'Église Carmélite.


Après la mort de la Xè Comtesse de Peralada, en 1862, c'est son fils le Marquis de Bellpuig et XIè Comte de Peralada (mort en 1875) puis ses trois petits-fils qui prennent la relève: Tomàs, XIIè Comte de Peralada, son frère ainé Antoni, Comte de Savallà, et sa soeur Joana II Adelaida de Rocabertí-Boixadors Dameto de Verí, VIIIè Comtesse de Montenegro et Xème. de Montoro, seront les auteurs du dernier grand remaniement du Château de Peralada pendant la décénnie de 1880. Venus de Paris, ils s'installent tous trois à Peralada et s'attachent à redonner du lustre à leur vieille demeure familiale. Ils restaurent, modernisent et agrandissent le château (les travaux se doivent à l'architecte français Grant), remanient le couvent voisin des frères carmélites et y aménagent la bibliothèque et les archives du château avec ses 13.000 volumes (qui grossiront jusqu'aux 20.000), puis s'attaquent au parc le semant d'arbres, de parterres, de fontaines et bassins artificiels, oeuvre du paysagiste français François Duvillers. Ils s'occupent également de la reconstruction du voisin Château de Requesens, vieille bâtisse moyennageuse isolée et tombée en ruines. Leur contribution à la ville de Peralada est aussi digne de mention: fondation d'un théatre, création d'une chorale et ouverture d'une école gratuite qui enseignait aux enfants des villageois les arts et métiers, les beaux-arts, le théatre, la musique, la gimnastique et la jardinerie.


 
Portrait photographique des frères Antoni et Tomàs de Rocabertí-Boixadors Dameto de Verí, dans la cour intérieure du Château de Peralada (fin XIXè. s.)
 
 
Photographie réalisée au chantier du Château de Requesens; on y aperçoit à droite, vêtus de noir, Tomàs de Rocabertí, alors 12è. Comte de Peralada, et sa soeur Joana II Adelaida, 8è. Comtesse de Montenegro et de Montoro.

 
Le Château de Requesens restauré et transformé en résidence estivale des Comtes de Peralada, d'après une photographie de 1898.


En 1887, l'ainé, Comte de Savallà, qui avait rennoncé aux titres principaux de sa lignée en faveur de son cadet Tomàs, car peu enclin au mariage, décéda.

En 1898, ce fut le tour de Tomàs, XIIè Comte de Peralada, XIè Comte de Savallà, XXXVIIè Vicomte de Rocabertí, Xè Marquis d'Anglesola et de Bellpuig, mort également célibataire.

Un an après, en 1899, c'est la Comtesse de Montenegro et de Montoro, devenue XIIIè Comtesse de Peralada, la soeur et grande héritière, qui trouve la mort dans des circonstances fort mysterieuses et jamais éclaircies pendant un séjour au Château de Requesens. S'ensuit une grande querelle devant les tribunaux entre les proches parents et cousins, qui se déchirent à belles dents entre eux pour le fabuleux héritage des frères disparus. Ce qui est en jeu est considérable, car la pluspart des grandes propriétées de la famille se trouvent réparties dans le Haut-Ampurdan et les Iles Baléares. La Justice trancha en donnant les titres de noblesse au cousin de la défunte, Joan-Miquel de Sureda et à ses hoirs mâles et femelles, et l'important patrimoîne au neveu de son mari, Ferran Trullols Despuig, Marquis de La Torre, et à ses descendants.

Les roques, symboles héraldiques parlants très liés à la dynastie des Rocabertí, figurent dans toutes les propriétés des anciens Comtes de Peralada, acompagnant leur devise latine "Deo Gratia" (Grâce à Dieu). Le nom de famille provient du "Castrum Bertini" ou Château de La Roca d'en Bertí (la roche de Bertin) qui dégénérat en Rocabertí.


Vente et renaissance de Peralada




Les Marquis de La Torre, déjà propriétaires du Château de Medinyà (près de la ville de Gérone), mirent finalement en vente les terres et le Château de Peralada. Ce fut un industriel et financier de Barcelone, fondateur de la compagnie d'automobiles La Hispano-Suiza, Damià Mateu i Bisa, qui se rendit finalement acquéreur du château en 1923. Son fils Miquel Mateu i Plà, grand amateur d'art, trouve en Peralada le meilleur écrin et, pourquoi pas le dire, la meilleure vitrine pour y réunir et présenter ses collections de verreries, de céramiques, de peintures, de livres rares et de manuscrits anciens. Le drame dans tout ça est que les importantes archives des Comtes de Peralada, source de grande information historique sur le Haut-Ampurdan, sont transferés par les héritiers à leur demeure de Majorque.

 
Buste en bronze de Miquel Mateu i Plà (1898-1972). Il fut le premier maire de Barcelone de la dictature franquiste après la Guerre Civile pendant 1939-1945, puis ambassadeur d'Espagne à Paris entre 1945 et 1947, entre autres charges officielles. Sa fille, Carme Mateu i Quintana, épouse Suqué, est l'actuelle propriétaire du château.
 
 
La bibliothèque privée du château avec ses 80.000 volumes. Elle contient la plus grande collection d'éditions du fameux "Don Quixote" de Miguel de Cervantes (5.000 exemplaires) traduites en 33 langues.
 
 
Le Cloître gothique, le joyau de l'ancient couvent du Carmel, considéré un des plus beaux et mieux conservés de Catalogne.
 

La famille Mateu, devenue châtelaine, exploîte également les vignobles de la région et vend fort bien ses vins et ses mousseux fabriqués selon la méthode champennoise qui, pendant la décennie de 1970-1980, fait sa parution sur le marché sous la marque commerciale de "Castell de Peralada". Ils ouvrent également les portes du château au public, devenu en partie siège d'un véritable musée privé grâce aux collections du défunt père, et donnent accès à la bibliothèque comtale, enrichie de 80.000 volumes, aux historiens locaux et aux touristes. Puis ils y inaugurent un casino et trois restaurants dans une aile annexe construite dans le style du château médiéval mélangé au moderne, tout en conservant l'ancienne partie comme résidence privée. Toutes ses initiatives contribuent à la nouvelle prospérité de la petite ville et de la région.

 
Vue en perspective des caves à vins et à cava (le "champagne" catalan) du château.
 
 
 
En 1987, c'est la création et le lancement du 1er Festival International de Musique du Château de Peralada, qui s'organise pendant les mois de juillet-août dans le parc du château et offre annuellement au publique des concerts symphoniques, de choeurs, des opéras et des spectacles de musique, de théatre et de danse. En 1992, le "Festival de Peralada" est inscrit à l'Association Européenne des Festivales.

En novembre 1988, le Château de Peralada, toujours entre les mains de la même famille, les Suqué-Mateu, est finalement déclaré Bien d'Intérêt Culturel et est inscrit dans le Patrimoîne Historique d'Espagne.

 


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