viernes, 16 de agosto de 2013

ACTUALITÉ CATALANE

LE POURQUOI DES DRAPEAUX CATALANS ÉTOILÉS



Les touristes francophones, et en moindre mesure les anglosaxons (mieux informés que les premiers) se questionnent étonnés sur le pourquoi des milliers de drapeaux catalans qui trônent massivement sur les toits, terrasses et jardins des maisons et immeubles dans toute la Catalogne. L'image de tant de drapeaux provoque des equivoques, de fausses idées, voir une idée préconçue sur l'orgueil éxagéré des Catalans. Loin de là. La surprise et l'ignorance manifeste de ceux-ci, dévoilent évidemment la manifeste volonté des médias français (sans doutes à l'instar du ministère des Affaires Étrangères de l'Espagne), de cacher la grave rupture existente entre la principauté Catalane et l'État Espagnol. On constate d'autre part la censure des journalistes sur l'actualité catalane (voir espagnole) en jouant la carte de la désinformation et de la manipulation en faveur d'une mensongère stabilité à échelle nationale et internationale, surtout dans le cas des français qui figurent comme les touristes les plus surpris.

 
Photo d'Artur Mas, Président de La Generalitat de Catalogne depuis 2010.


La crise politique entre l'État Central Espagnol et la Communauté Autonome de la Catalogne s'est amorcé en 2006 au moment oú la Cour Constitutionnelle (présidée actuellement par un magistrat qui renie de la propre Constitution Espagnole de 1978 et en déchira un exemplaire), à l'insu d'une implacable campagne lancée depuis Madrid par le PP (Parti Populaire) contre l'acceptation et enregistrement intégral du nouveau Statut de la Catalogne légalement voté et approuvé par les trois chambres: le Parlement Catalan, la Chambre des Députés et le Sénat, suite à un referéndum fut morcelé. Truffée de magistrats conservateurs, manifestement centralistes et favorables au PP, ladite Cour Constitutionnelle entamma alors un débat qui traîna pendant plus de 4 ans et qui aboutit finalement en 2010 avec l'amputation de la pluspart des articles du nouveau Statut, annulant ainsi la volonté de tout un peuple qui s'était exprimé par les urnes.

Non contents d'avoir passé outre, les deux grands partis de Madrid -la droite (PP) et les socialistes (PSOE)- s'en félicitèrent ouvertement et permirent que les mass-médias Espagnols poursuivent leur campagne d'anti-catalanisme furieux, permettant par ailleurs la floraison de plusieurs "boycotts" populaires contre tous les produits commerciaux et alimentaires de la Catalogne, et surtout contre le "cava", qui est le champagne catalan par excellence et même le grand rival du champagne français qui lui fait de plus en plus d'ombre sur le marché international. Éclatait alors au grand jour cette vieille haine des Castillans contre tout ce qui était de différent à sa culture nationale, réduite à la siesta, les procéssions de Semaine Sainte, les corridas et le flamenco (qui font partie surtout de la tradition andalouse), et surtout contre la "différence" culturelle Catalane, beaucoup plus européènne et proche de la française par plusieurs biais. Le déferlement d'insultes à travers les journaux et programmes de TV exprimant le mépris des Castillans pour la Catalogne et ses habitants, a finalement fait débordé la coupe de l'éternelle et légendaire patience des Catalans, jusqu'ici conciliatrice.

À cela s'ajoute le dévoilement presque accidentel du gros apport économique de la Catalogne à la trésorerie de l'État Espagnol: 16 milliards d'Euros annuels en impôts et taxes de toutes sortes qui vont directement dans les caisses de Madrid pour financer ses "folies des grandeurs" architecturales aussi gigantesques qu'inutiles: d'innombrables gares de TGV et d'aéroports titaniques sans passagers répartis en d'autres provinces, les scandaleuses subventions à l'Autonomie d'Extremadure  ou encore pour financer la vie luxueuse d'une classe politique espagnole complètement éloignée de la réalité et de plus en plus corrompue. Jusqu'alors cette information était classée comme secrète afin d'éviter l'indignation du contribuable Catalan et, en vue du scandale qui en découla, le Gouvernement de Madrid refusa de révéler à nouveau ces données qui, pourtant, devraient être publiées annuellement.

Pour empirer la chose, le gouvernement du Premier Ministre Rajoy, peu enclin a l'État des Autonomies et a la richesse multiculturelle, franc partisan du centralisme à outrance, a commencé à multiplier des décrets surtout préjudiciables aux intérêts économiques et culturels de la Catalogne; comme la réforme de l'Éducation qui vise a éffacer la langue Catalane au profit du Castillan dans les écoles et les universités, la multiplication des promesses non-tenues par Madrid pour développer les compétences de La Generalitat (la Présidence Autonomique de la Catalogne) en matière de transports publics, les réseaux des autoroutes, les aéroports et ports maritimes, les ressources énergétiques entre autres, en plus d'une amélioration du financement autonomique qui n'arrive jamais et qui, avec la crise, s'est plutôt réduit à un budget qui a poussé le Gouvernement Catalan à faire des retranchements insupportables. Aujourd'hui, l'État Espagnol doit à la Catalogne pas moins de onze milliards d'Euros, somme que le Gouvernement de Madrid, avec toute sa mauvaise foi, n'a pas l'intention de satisfaire et l'a dit publiquement en ricannant devant les journalistes. C'est une de ces gouttes qui a fait déborder le vase de la patience catalane.



Le 11 Septembre 2012, connue comme "la Diada" (Jour National de la Catalogne, qui commémore la réddition de Barcelone aux troupes Espagnoles du roi Philippe V en 1714), se transforma alors en une grande manifestation des citoyens Catalans pour exprimer non seulement leur mécontentement avec le Gouvernement Espagnol mais aussi pour réclamer la sécession de la Catalogne. En un mot: l'indépendance. Le nombre des assistants à cette démonstration de renaissance de "conscience nationale Catalane" dépassa largement les prévisions des autorités civiles: 1.500.000 personnes. Le ton était donné et Madrid fit ce qu'elle put pour minimiser et ridiculiser le mouvement populaire. Ce fut en vain.

Non seulement la crise et son cortège de misères, mais aussi l'étalage sur les journaux de la corruption générale règnante qui implique toutes les hautes institutions d'Espagne (de la Couronne en passant par le Gouvernement jusqu'à la haute magistrature), se joignirent aux incéssantes campagnes d'insultes, de menaces militaires et d'étouffement économique menés contre la Catalogne firent le reste et croître vertigineusement le nombre d'indépendantistes Catalans.
Le 80% des Catalans réclament pacifiquement le droit de décider sur leur avenir comme les Écossais et les Québécois (un droit reconnu internationalement et respecté par tous les pays démocratiques membres des Nations Unies), et son futur passe par la dernière option: se séparer d'une Espagne noyée dans la banqueroute économique et la corruption politique, endettée jusqu'au 90% de son PIB et qui menace de s'engloutir en entraînant la Catalogne dans sa chute vers un gouffre sans fond. Hors, l'État Espagnol refuse aux Catalans ce droit en oubliant, au passage, que l'Espagne a souscrit depuis 1967 à l'Article Nº1 en signant le Traité International de l'ONU qui aborde précisement ledit droit. Voilà le pourquoi de la multiplication des drapeaux étoilés en signe de contestation.

 
 


Le pavillon Catalan étoilé (l'Estelada), d'après la consigne générale, restera en place jusqu'à la proclamation de la République Catalane, avec ou sans référendum. Dès que ce fait sera accomplit, le vieux pavillon de la Maison des Comtes de Barcelone retrouvera sa place d'honneur, sans étoile d'argent (qui simbolise la liberté désirée): sur champ d'or, 4 pals de gueules pour représenter une nation qui cessa d'être souveraine il y a 300 ans mais qui n'a jamais cessé de revendiquer son identité nationale malgré les Castillans et leurs politiques répréssives.

 
Le blason de la Maison Comtale de Barcelone (enluminure du XVème s.), dynastie qui fonda l'État Catalan à partir du Marquisat de Gothie (Marche Hispanique) créé par l'empereur Charlemagne l'année 801, et qui se détacha du royaume Franc en 987 et atteignit son indépendance en réunissant les comtés Catalans. Devenus comtes et princes souverains, les Comtes de Barcelone acquirent en deux temps le royaume d'Aragon (1137-1141) par mariage et par donnation reconnue officiellement par une bulle du pape Adrien IV en 1158. De cette manière, les armes dynastiques de la Principauté de Catalogne furent adoptées par l'Aragon puis par les autres royaumes conquis: Valence, Majorque, Sicile,... fondant un autenthique empire commercial méditérrannéen. 
 
 
Carte française représentant la Principauté de Catalogne au XVIIIème siècle, alors amputée de la Catalogne Nord (Comté du Roussillon) depuis le Traité des Pyrénnées, lorsque le roi Philippe IV d'Espagne signa la paix avec Louis XIV et lui céda ce territoire alors qu'il ne lui appartenait pas et n'en avait pas la libre disposition.
 
 
 
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